mercredi 14 mars 2012

Sculpture : Ornement monumental pour le jardin du 6e sens


La présence de surprenantes œuvres de Freddy Tsimba lors de l'Exposition Coalition, tenue du 2 au 4 mars, la quatrième organisée par Julien Bodarwe de concert avec Médialab, avait changé l'allure du cadre. Tous les visiteurs en convenaient. Les sculptures de l'artiste congolais n'avaient rien de commun avec les créations admirées d'ordinaire en RDC ou ailleurs. u matériau à la thématique, tout invitait à une admiration très proche de l'étonnement. Dès l'entrée du 6e sens, l'on se trouvait nez à nez avec un corps de femme constitué de douilles de cartouches ; l'abdomen transpercé par un Ak 47. « Je ne lui ai pas donné de nom, c'est no comment. Mais une manière de dénoncer les guerres inutiles et imbéciles qui sévissent dans nos pays d'Afrique et dans le monde. Après avoir tué sûrement beaucoup de gens, c'est bien qu'elle finisse sa course là pour témoigner  », a déclaré l'artiste, expliquant le sens donné à cetteœuvre.

De par leur taille, 2, 50m de hauteur, les sculptures suivantes baptisées Partout avec toi, deux femmes placées côte à côte avec dans leurs bras un enfant, suffisaient pour convaincre du génie de leur créateur. Réalisées à base de cuillères que Freddy Tsimba nomme à raison « ustensiles de survie », elles étaient censées elles-mêmes raconter leur histoire que l'on devinait être une tragédie. Au sculpteur d'expliquer l'esprit des imposantes œuvres : « Après qu'une guerre est passée ou une catastrophe, s'installe la famine. Une interpellation pour une action commune pour que cesse la famine. Elle guette tout le monde certes mais reste surtout présente dans les pays du Tiers-monde ».

Qualifiée d'« œuvre dénonciatrice », une autre sculpture tout aussi imposante avec pour tête un poste récepteur radio, chargée d'un petit téléviseur sur l'épaule gauche avec la main droite menottée, s'est révélé un plaidoyer en faveur des médias. « Libérons les médias, le pouvoir autant que la masse y trouvera son bénéfice partout dans le monde », a souligné Freddy Tsimba.

 

Des silhouettes effacées

Une toute autre histoire que celle relatée par la série des Silhouettes effacées accrochées au mur décrites comme « des corps de femmes qui disparaissent en laissant des traces ». À Freddy de préciser : « Toutes portent une grossesse, parce qu'en toutes circonstances de la vie, la femme reste le passage qui mène à la vie et la gère ». Elles sont taillées à partir de cuillères ou fourchettes, de clés ou de gaines de bobine de film de photo mais aussi de douilles. « La vie doit continuer, elle est sacrée ».

Une pièce unique amputée suspendue par des ficelles à partir de la toiture bougeant au gré du vent évoquait pour l'artiste à la fois la politique et la religion. « Ces restes de bras que l'on devine étendus en croix signifient qu'un mauvais usage des deux peut conduire à la ruine et à la désolation », a-t-il indiqué.

Installation originale

Au contact avec la lumière du jour ou celle des projecteurs à la tombée du soleil, de petits carrés obtenus après découpage de sacs de riz incrustés dans des formats légèrement plus grand de plastique constituaient les pièces d'un assemblage pour un effet de vitrail. Un travail tout simplement « atypique », a reconnu Michèle Vanvlasselaer car c'était l'effet qu'elle désirait obtenir. Ainsi, l'installation qu'elle présentait à l'Exposition Coalition ne manquait pas de surprendre le public. Les trois panneaux géants placés l'un à la suite de l'autre suscitaient une certaine curiosité. Une image était perceptible en plein milieu de chacun.

Pause, profondeur et lenteur

La série commençait avec la pousse d'une fleur « au rythme de la nature ». Pause in my life (pause dans ma vie), c'était son nom, appelait à intégrer la notion de progressivité. Prendre son temps en faisant les choses non pas de manière rapide mais par degrés, de manière progressive, a expliqué Michèle. Puis venait Profondeur où se dessinait une fleur blanche dont l'ombre représentée en bleu devait être perçue telle une invitation « à aller moins vite dans la vie de façon à ne pas laisser échapper les détails ». Car, a renchéri l'artiste, un regard furtif ne suffit pas à déceler l'ombre qui se profile derrière une image, il faut s'y arrêter un moment pour la voir. Et dans Lenteur, en y allant plus « lentement, on est enrichi parce qu'au final on aura vu plus de choses ».

C'était encore un effet subtil obtenu avec un nouveau jeu de lumière que proposait au public Michèle Vanvlasselaer dans ses gravures. En plus de l'installation, le public découvrait cinq grands formats de gravures sous verre dans des cadres blancs. Le contraste de lumière perceptible créé à dessein un peu comme pour coller à leurs titres, un exemple avec Surprise ou Caché.

Nioni Masela

Source: Les Dépêches de Brazzaville.
Edition de Kinshasa. du 13.03.2012

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