vendredi 30 décembre 2011

Entre musiciens, l’inimitié est loin de céder le terrain même si la polémique n’est plus d’emprise

Kinshasa, 30/12/2011 / Musique
Franco Lwambo Makiadi reste le maître de la satire dan la musique r-dcongotaise. Il en avait l’art. L’inimitié dans la musique a toujours alimenté l’inspiration et la créativité, faisant les délices des mélomanes et des fans des vedettes.
Difficile pour les musiciens de ne pas se lancer des piques à travers leurs chansons non sans dose de satire malgré que la « polémique » n’a plus d’emprise dans leurs milieux.

De toute évidence, Franco Lwambo Makiadi reste le maître de la satire dan la musique r-dcongotaise. Il en avait l’art. L’inimitié dans la musique a toujours alimenté l’inspiration et la créativité, faisant les délices des mélomanes et des fans des vedettes.


On se délectera longtemps encore de beaux morceaux de Franco Luambe Makiadi, qui à la faveur de son désamour avec Jean Kwamy Munsi, alias « La Sintura », nous a produit des chansons satiriques célébrés comme « Chicotte », « Course au pouvoir »... Franco fustige le manque de sincérité dans l’amitié, l’ingratitude (vraie ou supposée ?) de Kwamy, une relation d’enfance.


Il fait allusion à la trahison de Judas face à Jesus... Dans sa réplique, Jean Kwamy Munsi tourne en dérision la fortune dont se venterait Franco.


C’est dans la chanson « Faux millionnaire » sortie avec l’African Fiesta aux côtés de Rochereau. Plus près de nous, Papa Wemba et Koffi Olomide ont pété les plombs en lançant des titres sur le marché du disque qui n’ont pas laissé indifférent.


Le même Olomide a chanté son désamour à l’égard de Félix Wazekwa qui ne l’a pas ménagé... On ne saura, hélas, éradiquer l’inimitié clans les rangs de nos musiciens. Mais, dans ces inimmes, que l’art l’emporte.


Musicien et auteur compositeur de génie, maître de l’improvisation, Franco a donné à la musique r-dcongolaise des oeuvres d’anthologie, qui font de lui un monument de la musique r-dcongolaise.


Il abandonné le thème de l’amour pour la satire. « Ma bouche a renoncé à chanter l’amour, que est la vérité », disait-il dans un featuring avec Tabu Ley Rochereau. Luambo s’est alors mué en peintre intraitable de la société r-dcongolaise, une sorte de Molière, dont l’oeuvre baigne dans un humour parfois sarcastique, la provocation de la bonne humeur. Franco chantait la femme et clouait au pilon les travers observes chez celle-ci.


D’aucuns le présentaient comme misogyne, tant il ne laissait pas de place aux frasques de la femme. Mais, l’homme, le male, n’était pas à son tour épargné. Autant, donc, qu’il chantait « Mamou », l’épouse infidèle, autant il fustigeait le comportement d’un man volage qui délaisse son foyer et ses enfants au profit d’une concubine et de la progéniture que cette maîtresse lui a donnée : ça s’appelle « Mario » ou « La vie des hommes ».


Le Maître dans l’art


Sur ce registre, les oeuvres de Franco sont légion. Chanteur culte, il a su donner à ses chansons une valeur sociale comme jamais un autre musicien ne l’a fait. Certaines chansons de Luambo sont de véritables fresques ou des tableaux décapants. Par exemple, « Makambo ezali  Dourreau », « Très impoli »...


Sa musique lui a plutôt servi pour décrire la société dans laquelle il vit, et, surtout, pour en dénoncer les maux - même s’il faut pour cela heurter quelques responsables politiques bien positionnés dans l’appareil de l’Etat.


Contrairement à son éternel concurrent Tabu Ley qui, à travers chansons et proses, magnifie la femme sous ses di verses facettes, Franco, lui, s’il pane de la femme, c’est pour peindre avec une ire certaine, le côté scabreux de la compagne de l’homme.


« Mwana ya mbanda », « Iluse », « Ya yo te », « Alimatou », « Non », « Mamou » et d’autres chansons témoignent encore aujourd’hui des rapports difficiles que Franco a eus avec la gent féminine.


Résultat, sans doute, d’une enfance pas très heureuse passée dans le Bas-Congo dabord, puis à Kinshasa pour le jeune adolescent Mutetela du Kasaï oriental, né d’une mère Bas-Congolaise.


Pour sa satire, Franco a fréquenté la prison de Makala, à la suite des chansons en dessous de la ceinture, à la base d’une affaire où érotisme impudiquement offert au public, justice et politique ont s’entremêler.


Avec « Jackie » et, surtout, « Hélène », deux chansons pour le moins - comment dire ?  Pornographiques, il franchit le seuil du tolérable. Les aventures sexuelles des deux dames, imaginaires, cela s’entend, sont livrées au public dans les moindres détails et avec des mots qui ne respectent aucune pudeur.


Les chansons ne sont certes pas imprimées sur platine mais leur réputation suffit à  attirer au 1, 2, 3, le temple où il se produisait tous les week-ends, des milliers de supportées friands d’entendre ces chansons d’un genre nouveau.


Des enregistreurs clandestins amènent les deux chansons clans les bas quartiers de Kinshasa où elles font tabac. Ce qui permet à l’alors procureur général de la République, Léon Kengo wa Dondo, le même, de le poursuivre et de le faire embastiller pour atteinte aux bonnes moeurs.


Même libéré suite à l’intervention du président Mobutu, Lwambo a vécu cet emprisonnement comme une humiliation, et attendra son heure pour régler ses comptes l’impudent magistrat.


On imagine sa peine lorsque Kengo est nommé Premier ministre en 1983. La même année, Kinshasa bruissa des rumeurs folles faisant état de la sortie d’une chanson de Franco intitulée « Double nationalité » et qui serait consacrée au coordonnateur de l’Exécutif. La ville bougea sur ses fondements, Lwambo, lui-même, dut démentir.


Mais lorsque Kengo est viré en 1988, l’artiste largue une chanson intitulée « Mokolo tonga » littéralement « propriétaire de l’aiguillée - dans laquelle il se moque copieusement d’un haut responsable qui venait d’être renvoyé de son poste pendant du coup tous les privilèges dont il se prévalait. Pour l’opinion, le message est clair…


Daniel Cassinon Mpoyi/Le Soft International

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